C’est en septembre 2023 qu’a été réalisée par le Comité du Patrimoine Mondial l’inscription des 139 sites funéraires et mémoriels sélectionnés parmi 7000 d’entre eux situés sur le front Ouest de la première guerre mondiale (Belgique et France). Le Mémorial des batailles de la Marne de Dormans fait partie de ces 139 sites avec 11 autres sites de la Marne.

Le Label patrimoine mondial est attribué par le Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO à des lieux ou des biens possédant une Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE), c’est-à-dire sans équivalents dans le monde et dignes d’intérêt pour l’humanité toute entière.

 

 

La Valeur Universelle Exceptionnelle de ces sites funéraires et mémoriels inspire une série de réflexions : 

– L’immensité du deuil qui touche plus 135 Etats actuels: les Etats belligérants d’alors et leurs empires: un deuil partagé, transnational qui bouscule la vie, la culture, les sociétés et l’économie de la planète;

– Dire comment les Etats belligérants tentent d’Å“uvrer en dépit des oublis, des erreurs, pour atténuer cette douleur des familles, en s’efforçant de donner pour la première fois dans l’histoire, à chaque victime combattante (hommes et femmes) et travailleurs recrutés de gré ou de force, si possible, une sépulture individuelle surmontée d’une stèle où serait gravé à jamais son nom, son prénom et cela sans distinction de grade dans un souci de lui rendre hommage à tout jamais.

– Faire réfléchir à l’immensité du cataclysme traduit par la construction de milliers de cimetières pour inhumer tous les morts quel que soit leur statut: adverse ou non. Cette attitude diffère de celle observée pendant la guerre de Sécession, où seuls les Fédérés sont systématiquement inhumés et jouissent d’une stèle nominative. Les quelques confédérés inhumés en ces sites furent dans les années 1870 exhumés. Il faut attendre le début du XXème siècle pour qu’ils soient admis à Arlington

– Proclamer la naissance d’un nouveau culte, celui des morts, basé sur l’identité individuelle pour tous et, ce pour la première fois dans l »histoire de l’humanité afin de répondre à l’inhumanité du conflit.

– Rendre hommage à ces hommes et ces femmes mobilisés ou recrutés parfois malgré eux pour venir se battre et mourir loin de chez eux sans savoir pourquoi;

– Préserver, protéger et transmettre cet héritage plurinational et pluriculturel: floraison de stèles, de mémoriaux, de nécropoles, de vestiges inscrits à jamais dans nos paysages aux générations futures et qui traduit aujourd’hui encore l’immense douleur d’alors;

– Transmettre aux générations futures ce culte civil et humaniste incitant au recueillement, et par delà la réconciliation, à la repentance souvent oubliée, à la solidarité, à la coopération internationale et à la paix. Tirons des leçons ensemble de cette page d’histoire partagée.

Extraits du document écrit par madame Marie Madeleine Damien , secrétaire générale de l’Association Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre  et Professeur Emérite de l’Université de Lille.
Pour consulter le texte complet de ce document  et la version en anglais

Pour mieux connaître les sites, découvrir le dossier et les actions de l’association Paysages et Sites de Mémoire de la Grande Guerre https://www.paysages-et-sites-de-memoire.fr/